C’est notre faute. C’est le monde que nous avons bâti.
- 10.4.24
- Par Elodie Jauneau
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Je viens de retomber sur ce billet de blog entamé il y a un an et resté coincé dans les brouillons.
J'étais encore plus en colère qu'aujourd'hui car l'intro était carrément apocalyptique.
Donc je l'ai virée.
Mais, en synthèse, ce qui suit résume assez bien mon état d'esprit... Un an après le début de la rédaction de ce billet, donc.
Plus ça va et moins je tolère le monde dans lequel on vit. Plus ça va, et plus j'ai envie de tout casser.
Plus ça va, et moins je supporte la passivité et la médiocrité face aux défis qui nous entourent et nous attendent encore.
Plus ça va et moins je supporte le chacun pour soi, le je m'en foutisme, le par-dessus la jambisme, l'égoïsme, le advienne-que-pourra-après-moi-le-déluge.
Je suis à peu près convaincue qu'on est en "fin de race" car j'ai quand même sérieusement l'impression que l'homo sapiens sapiens, sapiense plus grand chose.
Et je suis à deux doigts de regarder pour la 3ème fois, la série Years and Years (2019), mais j'ai dans l'idée que ça ne m'aidera pas à relativiser.
Je conclurai donc avec le monologue de la grand-mère, Muriel, en 2029 (car cette série qui se voulait dystopique sur 15 ans, est en fait parfaitement contemporaine de notre quotidien actuel).
"Il n’a pas été facile ce siècle. Plus difficile que je ne l’aurais pensé.Les banques, le gouvernement, la récession, l’Amérique, Madame Rook, la moindre chose qui a mal tourné est votre faute.Nous sommes tous responsables, individuellement, chacun de nous, on passe notre temps à tout mettre sur le dos des autres, on fait le procès de l’économie, on reproche un peu tout à l’Europe, à l’opposition, à la météo, on se prétend victimes des différents événements que nous inflige l’histoire comme s’ils étaient hors de contrôle, comme si on était tous démunis, fragiles, et tout petits. Mais ça reste toujours notre faute.Vous savez pourquoi?Vous voyez le t-shirt à 1£, celui qui coûte 1£ seulement, on ne peut pas y résister, et aucun d’entre nous n’y résiste. On voit le t-shirt qui coûte 1£ et puis on se dit "Oh une super affaire, il me le faut" et évidemment on l’achète. Sûrement pas pour sortir en soirée. Mais c’est un chouette t-shirt pour l’hiver à mettre en dessous d’un pull. C’est tout.Et le gérant du magasin va toucher 5 malheureux pence pour ce t-shirt. Et un petit paysan dans son champ va être payé 0,01 pence. Et on trouve ça bien. Nous tous. En payant ainsi 1£, nous participons à ce système tout au long de notre vie.J’ai vu que les choses ne tournaient pas rond quand ça a commencé dans les supermarchés au moment où ils ont décidé de remplacer toutes les caissières par des caisses automatiques.Ça vous énerve, ça vous horripile. Peut-être mais vous n’avez rien fait contre ça ! Il y a 20 ans quand ils les ont mises en place, vous avez fait demi-tour? Vous avez écrit pour vous plaindre ? Vous êtes allés faire vos courses ailleurs ?Non. Vous avez râlé, un peu rouspété, puis vous avez fait avec.Maintenant, toutes ces femmes ne sont plus là. Et nous avons laissé faire ce qui leur est arrivé.Et je pense que nous aimons ces caisses automatiques. C’est tout ce que nous voulons parce que ça nous permet de flâner entre les rayons, de faire tranquillement nos courses et on n’a pas cette femme à affronter du regard, celle qui est moins bien payée que nous. Elle a disparu. On s’en est débarrassé. Virée. Bien joué.Alors oui, c’est notre faute. C’est le monde que nous avons bâti.Félicitations.Santé à tous !"
Et je fais mien chacun de ses mots… en prenant pour moi chacune de ses accusations aussi.
À celles et ceux qui me demandent pourquoi je ne blogue plus des masses, vous avez un bout de réponse. Je passe mon temps à gueuler, mais je préfère le faire sur le terrain qu'ici, finalement...
Une façon pour moi de vous épargner en quelque sorte !