Best of Manuel Valls - 13 janvier 2015

Une fois n'est pas coutume et, toi qui passes par là souvent, tu sais que je suis loin d'être une vallsophile.
Mais hier, à la reprise de la session parlementaire après les évènements tragiques qui ont secoué le pays la semaine dernière, je me devais d'allumer LCP et de suivre la chose.
Et bien, je n'ai pas été déçue. D'abord cette minute de silence qui devient une Marseillaise fière et unanime. Du jamais vu depuis la séance du 11 novembre 1918. Puis la standing ovation à Manuel Valls à la fin de son discours.
Et pour cause. Même moi, j'étais pendue à son discours, et j'ai adhéré à tout ce qu'il a dit. Je n'en retirerais rien. Mais je ne vais pas copier-coller la totalité de la chose ici.
Tu peux cliquer là si tu as loupé l'évènement.

"Les terroristes ont tué, assassiné des journalistes, des policiers, des Français juifs, des salariés. Les terroristes ont tué des personnes connues ou des anonymes, dans leur diversité d’origine, d’opinion et de croyance. Et c’est toute la communauté nationale que l’on a touchée. Oui, c’est la France qu’on a touché au cœur.
Ces 17 vies étaient autant de visages de la France et autant de symboles : de la liberté d’expression, de la vitalité de notre démocratie, de l’ordre républicain, de nos institutions, de la tolérance, de la laïcité"
[...]
"Il faut toujours dire les choses clairement : oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical. La France n’est pas en guerre contre une religion. La France n’est pas en guerre contre l’islam et les Musulmans. La France protègera, et le président de la République l’a également rappelé ce matin, la France protègera, comme elle l’a toujours fait, tous ses concitoyens, ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas."
[...]
"Je tiens à saluer, là aussi, le travail de nos services de renseignement : DGSI, DGSE, Service du renseignement territorial. A saluer aussi la justice antiterroriste. La tâche de ces femmes, de ces hommes est par essence discrète et immensément délicate. Ils font face à un défi sans précèdent, à un phénomène protéiforme, mouvant qui se dissimule aussi ; et parce qu’ils savent travailler ensemble ils obtiennent des résultats.
A cinq reprises, en deux ans, ils ont permis de neutraliser des groupes terroristes susceptibles de passer à l’acte."
[...]
"Mesdames et Messieurs les députés, les épreuves tragiques que nous venons de traverser nous marquent, marquent notre pays et marquent notre conscience. Mais nous devons être capables de poser rapidement à chaque fois un diagnostic lucide aussi sur l’état de notre société, sur ses urgences. Ce sont des débats que nous aurons l’occasion évidemment de mener.
Je vais en dire quelques mots, en m’excusant de prendre plus de temps que nécessaire à ce qui était prévu.
Le premier sujet qu’il faut aborder clairement, c’est la lutte contre l’antisémitisme.
L’histoire nous l’a montré, le réveil de l’antisémitisme, c’est le symptôme d’une crise de la démocratie, d’une crise de la République. C’est pour cela qu’il faut y répondre avec force. Après Ilan HALIMI, en 2006, après les crimes de Toulouse, les actes antisémites connaissent en France une progression insupportable. Il y a les paroles, les insultes, les gestes, les attaques ignobles, comme à Créteil il y a quelques semaines qui, je l’ai rappelé ici dans cet hémicycle, n’ont pas soulevé l’indignation qui était attendue par nos compatriotes juifs dans le pays. Il y a cette inquiétude immense, cette peur que nous avons les uns et les autres sentie, palpée samedi dans la foule devant cet HYPER CACHER porte de Vincennes ou à la synagogue de la Victoire dimanche soir. Comment accepter qu’en France, terre d’émancipation des juifs, il y a deux siècles, mais qui fut aussi, il y a 70 ans, l’une des terres de son martyre, comment peut-on accepter que l’on puisse entendre dans nos rues crier « mort aux juifs » ? Comment peut-on accepter les actes que je viens de rappeler ? Comment peut-on accepter que des Français soient assassinés par ce qu’ils sont juifs ? Comment peut-on accepter que des compatriotes ou qu’un citoyen tunisien, que son père avait envoyé en France pour qu’il soit protégé alors qu’il va acheter son pain pour le Shabbat, meurt parce qu’il est juif ? Ce n’est pas acceptable et à la communauté nationale qui peut-être n’a pas suffisamment réagi, à nos compatriotes français juifs, je leur dis que cette fois-ci, nous ne pouvons pas l’accepter, que nous devons là aussi nous rebeller et en posant le vrai diagnostic. Il y a un antisémitisme que l’on dit historique remontant du fond des siècles mais il y a surtout ce nouvel antisémitisme qui est né dans nos quartiers, sur fond d’Internet, de paraboles, de misère, sur fond des détestations de l’Etat d’Israël, et qui prône la haine du juif et de tous les juifs. Il faut le dire, il faut poser les mots pour combattre cet antisémitisme inacceptable !
Et comme j’ai eu l’occasion de le dire, comme la ministre Ségolène Royal l’a dit ce matin à Jérusalem, comme Claude Lanzmann l’a écrit dans une magnifique tribune dans Le Monde, oui, disons-le à la face du monde : sans les juifs de France, la France ne serait plus la France. Et ce message, c’est à nous tous de le clamer haut et fort. Nous ne l’avons pas dit ! Nous ne nous sommes pas assez indignés ! Et comment accepter que, dans certains établissements, collèges ou lycées, on ne puisse pas enseigner ce qu’est la Shoah ? Comment on peut accepter qu’un gamin de 7 ou 8 ans dise à son enseignant quand il lui pose la question « quel est ton ennemi ? » et qu’il lui répond « c’est le juif » ? Quand on s’attaque aux juifs de France, on s’attaque à la France et on s’attaque à la conscience universelle, ne l’oublions jamais!"
[...]
"L’autre urgence, c’est de protéger nos compatriotes musulmans. Ils sont, eux aussi, inquiets. Des actes antimusulmans inadmissibles, intolérables, se sont à nouveau produits ces derniers jours. Là aussi, s’attaquer à une mosquée, à une église, à un lieu de culte, profaner un cimetière, c’est une offense à nos valeurs. Et le préfet LATRON a en charge à la demande du ministre de l’Intérieur en lien avec tous les préfets de faire en sorte que la protection de tous les lieux de culte soit assurée. L’Islam est la deuxième religion de France. Elle a toute sa place en France. Et notre défi, pas en France, mais dans le monde, c’est de faire cette démonstration : la République, la laïcité, l’égalité hommes / femmes sont compatibles avec toutes les religions sur le sol national qui acceptent les principes et les valeurs de la République. Mais cette République doit faire preuve de la plus grande fermeté, de la plus grande intransigeance, face à ceux qui tentent, au nom de l’Islam, d’imposer une chape de plomb sur des quartiers, de faire régner leur ordre sur fond de trafics et sur fond de radicalisme religieux, un ordre dans lequel l’homme domine la femme, où la foi, oui madame la présidente POMPILI, vous avez eu raison de le rappeler, l’emporterait sur la raison."
[...]
"Ce débat, il n’est pas entre l’Islam et la société. C’est bien un débat au sein même de l’Islam, que l’islam de France doit mener en son sein, en s’appuyant sur les responsables religieux, sur les intellectuels, sur les Musulmans qui nous disent depuis plusieurs jours qu’ils ont peur. Je l’ai déjà rappelé, comme vous tous j’ai des amis français, de confession et de culture musulmane. L’un de mes plus proches amis m’a dit l’autre jour, il avait les yeux plein de larmes et de tristesse, qu’il avait honte d’être musulman. Eh bien moi je ne veux plus que dans notre pays il y ait des Juifs qui puissent avoir peur. Et je ne veux pas qu’il y ait des Musulmans qui aient honte parce que la République elle est fraternelle, elle est généreuse, elle est là pour accueillir chacun."

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15 commentaires

  1. Billet de faignasse, comme dirait le gros frisé.

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  2. Au secours Bembelly! J'ai vire ton commentaire!
    Je le remets ci-dessous:
    "C'était bien d'après ce que j'ai pu lire, mais ça reste un simple discours, comme celui de De Villepin à l'ONU..."
    Et je réponds:
    Franchement? Pour moi, c'etait pas un simple discours. C'était un putain de discours.

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  3. Oui, un des plus beau discours entendu depuis un bon nombre d'années....pourtant je suis hollandais non valseur, non plus

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  4. Ben non! Comme d'habitude, je ne suis pas d'accord avec toi. "La France est en guerre", est effrayant et sous-entend une spirale guerrière absurde et stérile. Nous avons quelques enfants perdus de la République qui tuent et la réponse est de faire davantage la guerre à l'islamisme sur la planète! Regarde comment cela s'est passé en Irak et en Afghanistan. Je te rappelle que Hollande soutient les monstrueux islamistes de Syrie.
    Ce discours, c'est probablement le blabla traditionnel français ou de gauche, "Nous sommes tous des citoyens français, fraternels et solidaires", accompagné d'une déclaration de guerre à l'Islamisme, mais aucune critique du Qatar et de l'Arabie séoudite.
    jard

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    1. Il est rigolo, Jard, il reproduit presque le discours du type du FdG à l'AN, hier. Vive les réacs.

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  5. Magnifique discours, j'aurais rien ajouté ni enlevé!
    Je trouve pas que ça résonne comme un blabla politique, je trouve que c'est assez différent de d'habitude, c'est ouvert et ultra ferme à la fois, c'est parfait.

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  6. Discours bidon, le problème est géopolitique depuis la guerre d’Afghanistan contre l'URSS. Les US ont soutenu les talibans avec l'aide des wahhabites pour virer les soviétiques. Les US ont foutu un bordel monstre en tapant sur l'Irak qui a fait fuir les militaires sunnites du régime baasiste vers Daesh.

    Le problème est géo-stratégique, les discours de Valls c'est de la bouillie de chats.

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    1. C'est le début de la guerre , la solution finale , grande guerre des riches contre les pauvres ...
      Les riches n'ont que faire des milliards de pauvres qui leur gâchent leur paradis sur terre ...
      Le seul moyen de les exterminer c'est la guerre totale ..............
      Il s'agit d'une lutte des classes planétaire ........................................
      L'histoire des caricatures et de la défense des "valeurs" de l'occident n'est qu'un prétexte .....
      D'un point de vue écologique cette troisième guerre mondiale sera catastrophique .........
      On étudiera ça dans les écoles après , et on dira : " Plus jamais ça "................

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